Bébé Enfant Jumeaux

DEVENIR GRAND FRÈRE …

S’il y a bien une question qui revient tout le temps depuis la naissance de notre fille c’est bien : « et alors il le vit comment little G ? ». Vous devez commencer un peu à me « connaître » et savoir que c’était LE point d’angoisse dans la venue de ce nouveau bébé; alors 2 mois plus tard, je dresse un premier petit bilan.

Le projet d’un deuxième enfant a toujours été une évidence pour moi étant donné que nous voulons plusieurs enfants, et je ne me suis donc jamais posée de questions par rapport à little G. Puis, cette grossesse est arrivée et il a fallu lui annoncer, il a fallu lui expliquer ce ventre qui grossissait et répondre à ses questions et ses émotions. Plus ma grossesse passait, plus mon angoisse montait : comment allait-il réagir ? Allait-il nous en vouloir ? Me rejeter ?

Dans le fond, le plus gros problème dans tout ceci c’était ma propre culpabilité. On est bien à trois, il a ses parents pour lui tout seul,  il n’a rien demandé, il ne se rend pas bien compte de ce qu’il va arriver et pourtant ça va arriver…J’avais l’impression quelque part de le trahir en voulant un second enfant, dès que je commençais à me dire qu’il allait se sentir abandonné, pas aimé, c’était des torrents de larmes. L’idée que je puisse faire souffrir mon fils était insupportable. Et puis, j’ai vraiment essayé de mettre mes émotions de côté et me dire que c’était un super cadeau que nous lui faisions… Dans ma famille, nous sommes 4 enfants, 2 garçons, 2 filles et je n’imagine pas ma vie sans ma soeur et mes frères,  et je suis tellement heureuse d’offrir à mon tour ce lien fraternel à notre fils. Alors oui il va souffrir, je pense que c’est difficile de passer à travers mais on va tout faire pour qu’il le vive « au mieux », et qu’il ne se sente jamais mal aimé.

Ça c’était donc avant l’accouchement, et aujourd’hui, dans les faits alors ?

Et bien j’ai trouvé les premières semaines moins difficiles que ce que je pensais « par rapport à little G », je précise parce que sinon entre le baby blues et mon coup de panique de « oh mon dieuuuu on a deux enfants !!! », c’était un peu la cata ce retour à la maison hein ! Mais j’ai trouvé cela plus « facile » que prévu dans le sens où déjà mon mari était présent pendant 3 semaines (forcément ça aide!), et ensuite tout simplement parce qu’un bébé ça dort TOUT LE TEMPS au début ! Elle se réveillait toutes les 3-4h pour son biberon et se rendormait dans la seconde, donc franchement j’ai eu plein de temps avec little G! On passait toujours nos dîners tous les trois, on pouvait le coucher sans sa soeur dans nos bras, et puis il y avait toujours un de nous deux pour s’occuper de lui; je n’ai pas du tout eu l’impression que nos habitudes avec lui étaient bouleversées, ce fut franchement une très belle surprise pour ça.

Mais malgré tout, la pression qu’il vive mal la présence de sa soeur était toujours très présente, j’ai donc déployé toute mon énergie pour qu’il soit heureux, mais genre vraiment! Je souriais tout le temps, je parlais beaucoup avec lui, je faisais le clown en permanence et puis … j’évitais d’embrasser notre fée devant lui, dès qu’il me demandait quelque chose je répondais, bref j’étais au taquet pour lui montrer que j’étais disponible pour lui et que ça ne changeait rien entre nous. Il m’a testé les 2 premiers jours en me demandant de le prendre dans les bras alors que je portais déjà sa soeur. J’ai toujours répondu la même chose : « ok attends je la pose, viens là me faire un câlin », j’ai bien senti qu’il ne s’y attendait pas! Je crois que ça l’a rassuré, car il ne m’a plus jamais re demandé!

Le soir venu, quand il était couché, je profitais de ma fille à fond, je lui expliquais les choses et lui disais que je l’aimais fort malgré la grande place que prenait little G pour le moment. Je ne sais pas si c’est la bonne chose à faire, mais je voulais juste faire une transition douce et vraiment lui montrer que ce n’est pas parce qu’un autre enfant arrivait dans notre vie que j’allais l’oublier. Mais j’étais clair dans ma tête depuis le début, il fallait aussi que je construise ma relation avec ma fille et pour cela et il n’était pas envisageable que ce bébé n’ai pas toute l’attention qu’il méritait pour protéger little G. Il ne fallait pas que je le laisse avoir cette place unique, j’avais aujourd’hui deux enfants et il faudrait composer avec.

Et en effet, progressivement notre jolie fée a pris place dans notre famille, la place qu’elle méritait et qui l’attendait depuis toujours. J’ai bien senti que little G était de plus en plus disposé aussi à l’accueillir. Si dans un premier temps il l’a totalement ignoré, il s’est ensuite intéressé de plus en plus à elle, très naturellement en fait. À partir de là les choses ont été plus simples, la phase de rodage était passée, j’ai arrêté progressivement de marcher sur des oeufs avec little G, et franchement ça a fait du bien car toute cette énergie déployée et cette pression de dingue m’avait vraiment usé.

On a ensuite suivi tous les conseils possibles et imaginables que j’avais été piocher partout : lui accorder du temps juste pour lui mais aussi à 4 en famille, le valoriser sur le fait qu’il était devenu grand frère plutôt que d’insister sur le fait qu’il avait une petite soeur, lui montrer tout ce qu’il pouvait faire parce que lui était grand et sa soeur petite, ne pas lui interdire de parler fort en présence de sa soeur etc… Bref en somme la vie continuait, il fallait qu’il compose avec elle et elle aussi !

Tout ne se fait pas sans difficultés, little G a beaucoup besoin de vider son sac. Tout se passe bien, puis on sent progressivement qu’il « encaisse » de plus en plus certaines situations, on le sent monter en pression , puis on dit avec mon  mari qu’il « vrille »! Pendant une journée il nous fait vivre l’enfer, alors c’est toujours la même chose, je l’emmène dans sa chambre, on s’assoit et on discute de tout ça. Il me dit alors ce qu’il ne va pas, du haut de ses 2 ans et 8 mois, et bien souvent ce qui en ressort c’est : « c’est mon papa, c’est ma maman ». La première fois ça m’a fait pleurer, et puis maintenant je sais que c’est plutôt sain comme réaction. Je trouve cela très bien qu’il mette des mots sur ses émotions, il me dit quand il est fâché, quand il est triste et tant que « ça sort » c’est positif pour moi, je ne veux pas qu’il garde tout ça pour lui, bien au contraire ! Fâche toi, tape fort des pieds, crie, mais ne retiens pas ces pensées pour toi…

Pour comprendre ce qu’il se passe dans la tête de l’aîné je vais reprendre une célèbre explication : imaginez vous que demain votre mari arrive avec une autre femme à la maison, en vous disant « voilà j’ai une deuxième femme, elle va vivre avec nous mais ne t’inquiète pas je t’aime aussi, je vous aime toutes les deux aussi fort » : vous n’auriez pas envie de le tuer franchement ? Une très bonne amie m’avait conseillé de ne pas parler de « l’autre enfant » dans ces moments de tristesse, alors je ne parle que de lui et de mes sentiments pour LUI : « je t’aime toi, je t’aimerai toujours et je serai toute ta vie ta maman à toi », je crois que c’est ça qu’il a besoin d’entendre, pas que je l’aime autant que sa soeur ! Et à chaque fois il me fait un gros câlin et repart en chantant alors je crois que c’est la bonne voie.

Bref, en toute honnêteté ce n’est pas facile tous les jours de faire face à ses émotions, je vois bien parfois qu’il est un peu triste mais je sais que c’est normal et que tant que ça sort et qu’on peut en parler tout ira bien. Je sais que cette notion inquiète beaucoup de mamans et moi même j’ai cherché beaucoup de témoignages sur ce sujet étant enceinte mais franchement ça vaut toutes les difficultés du monde !

Ce bébé c’est juste un amour de petite fille et je crois bien que little G est aussi fou d’elle que nous. Il lui caresse constamment le front, il veut lui faire un bisou et un câlin tous les soirs avant de se coucher, il lui dit qu’elle est trop petite pour manger ce qu’il mange et puis que de toute façon elle n’a pas de dent! Il lui donne sa tétine quand elle pleure et lui apporte sa couverture. Il nous dit qu’elle est belle mais qu’elle parle fort. Il dit à tous ses copains de crèche que c’est sa soeur à lui et qu’ils n’ont pas le droit de la toucher. Il veut lui donner le biberon. Il lui fait des « guilliguillis » tout le temps et lui dépose un baiser tous les matins sur son front. Je peux vous dire que tout ceci c’est juste le plus beau spectacle de ma vie. Je ne pourrais les imaginer maintenant l’un sans l’autre. Je suis une toute nouvelle maman avec cette petite fille, très différente et plus apaisée mais ça je vous en reparlerai au prochain billet, décidément je risque d’être encore bavarde…

Bref c’est du sport mais tout se met en place doucement, il y aura des hauts et des bas mais je suis prête à les affronter. Ce petit garçon a bien le droit d’être en colère et à la fois fou de joie de cette petite soeur, que d’émotions pour une si petite personne, laissons le temps au temps…

En attendant moi je profite de ces instants avec mes deux amours, je me prends en pleine face un amour débordant pour une nouvelle petite personne et à côté je regarde mon grand garçon, celui qui m’a fait devenir maman et dont je suis si fière …

Pardon d’être si longue, je viens peu ces derniers temps mais quand je suis là, je suis là 

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