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À 21 ans, je me suis fait stériliser car je ne voulais pas d’enfant

Camille a pratiqué une stérilisation à visée contraceptive il y a quelques semaines. Elle s’est confiée à Magicmaman avant et après son opération. Un témoignage éclairant sur le mouvement “Childfree“.

D’après une étude devenue référence (Fecond, réalisée en 2010), 6,3% des hommes et 4,3% des femmes déclaraient ne pas vouloir d’enfant. Une décennie plus tard, les chiffres ne semblent pas avoir évolué : ce choix de vie childfree reste minoritaire parmi les femmes. Cependant, grâce à de précieux ouvrages tels que Lâchez-nous l’utérus !, publié en 2020 par l’autrice féministe Fiona Schmidt, le sujet est de plus en plus présent au sein de la société et celles qui osent enfin prendre la parole se battent pour lever le tabou qui règne autour. Parmi elles, Camille, 21 ans. Cette étudiante toulousaine a récemment pratiqué une stérilisation à visée contraceptive. Nous l’avons interviewée avant et après son opération. 

Le choix d’une vie “childfree“

« La maternité est quelque chose qui ne m’a jamais attirée, commence Camille, avec qui nous échangeons quelques jours avant son opération. Il y a d’autres choses qui m’attirent pour m’épanouir dans ma vie – mes amis, ma famille, ma carrière – et je ne ressens pas cet ‘instinct maternel’. Alors, j’ai toujours pensé à la stérilisation, mais je laissais le temps au temps, j’en discutais autour de moi, notamment avec ma maman qui me disait comme tout le monde ‘tu es encore jeune’. Puis, mon engagement féministe et moi avons grandi, j’ai entendu parler de la charge maternelle et, en lisant différentes choses, j’ai pu mettre des mots sur ce que je ressentais depuis longtemps. Il y a aussi une raison écologique dans mon choix : je trouve qu’il y a assez d’enfants qui sont malheureux sur Terre et je ne veux pas créer de personne supplémentaire. Et puis l’éducation est quelque chose de très important, c’est une grosse charge que je n’ai pas envie d’assumer. » En novembre 2020, la jeune femme réfléchit aux différentes possibilité qui s’offrent à elle. Un mois plus tard, elle découvre un groupe Facebook dédié à la stérilisation à visée contraceptive. « C’est un groupe ultra bienveillant, pour tout le monde, personnes binaires et non-binaires, où j’ai pu lire plein de témoignages. C’est important de s’informer car, si on entend beaucoup parler de la vasectomie, on ne peut pas en dire autant sur l’équivalent féminin… Le peu de fois où on en parle, on a l’image d’une femme âgée, qui a déjà eu trois enfants et veut être tranquille, alors que c’est pas forcément ça ! »

Se faire stériliser à 21 ans, un parcours du combattant

Dès l’instant où sa décision est prise, Camille entame un parcours du combattant pour la faire accepter et appliquer. “Si la loi du 4 juillet 2001 autorise toute personne majeure à se faire stériliser après un délai de réflexion de quatre mois entre le premier et le second rendez-vous, dans les faits, très peu de praticiens acceptent de faire cette opération, explique Camille. Certains brandissent l’argument du minimum d’âge requis, d’un suivi psychologique obligatoire ou même d’un nombre minimum d’enfants requis, alors même que c’est faux : toute personne majeure, peu importe si elle a eu des enfants ou non, a le droit d’être stérilisée.“ Quand Camille réfléchit à quelque chose, c’est à 100%. Alors pour elle, une chose est sûre : ce n’est pas un caprice passager. Avec l’aide de personnes bienveillantes, elle trouve un praticien qui l’écoute sans jugement et accepte de l’opérer. “Il m’a juste demandé pourquoi je voulais me faire stériliser. Je lui ai à peine répondu et il ne m’a pas reposé la question, c’était très agréable. Il m’a dit qu’il appliquait la loi, et voilà.“

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