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Maman De 3 Enfants: Douce Folie Ou Bonheur Simple?

Agrandir la famille, vous aimeriez bien mais vous hésitez ! Est-ce vraiment judicieux, juste au moment où le petit deuxième devient plus autonome ? Et cela ne va-t-il pas remettre en cause toute l’organisation de votre vie ?

L’enfant du plaisir

« Pour moi, une famille, ça ne pouvait pas être moins de trois enfants. Un seul, j’aurais trouvé ça triste : j’ai moi-même été fille unique et je sais ce que cela veut dire. Deux, c’est un peu trop symétrique à mon goût. Trois, ça bouscule les schémas de couple et, surtout, ça multiplie les échanges au sein de la famille ! » témoigne Virginie, maman d’un joyeux trio de 7 à 3 ans. Désir de reproduire, ou de ne pas reproduire leur propre enfance, envie d’une petite fille après deux garçons (ou d’un garçon après deux filles), envie de repouponner : comme Virginie, environ 30 % des femmes ont sauté le pas et fait un troisième enfant. Celui de la maturité, de l’épanouissement. On pourrait presque dire du plaisir.

Force est de constater, que le troisième enfant a un statut un peu particulier : si le premier consacre l’amour d’un couple, le second fonde la famille, le troisième lui donne toute sa dimension. Il renouvelle les alliances, dynamise les relations au sein de la famille. Un troisième enfant, c’est le rayonnement d’un couple. Les parents qui franchissent le pas ont une maturité particulière ; ils ont dépassé certaines crises, ils sont souvent en phase ascensionnelle dans leur vie professionnelle et ils ont confiance en eux. Aujourd’hui, il faut un certain courage pour concevoir un troisième enfant ! Dans un monde qui valorise la réussite rapide et l’argent, c’est une marque de force et d’équilibre.

Ce troisième enfant, on le conçoit pour le plaisir et on prend le temps de le regarder grandir. D’autant que ce sera souvent le dernier ! Les grandes fratries de quatre enfants et plus se font en effet de plus en plus rares. Le nombre grandissant de familles recomposées n’est pas étranger au relatif succès du « petit troisième ». On sait que la remise en couple réactive le désir d’enfant. Une femme qui a vécu seule, quelques années, après son premier enfant va concevoir un bébé avec son nouveau compagnon. Il y a alors un « enfant de la recomposition », voire deux.

Un troisième enfant : une décision délicate

Pas toujours facile de se résoudre à ré-endosser les contraintes liées à la vie avec un tout-petit ! Surtout lorsque la différence d’âge avec les aînés est importante, et qu’on commençait à jouir d’une liberté retrouvée. Le petit troisième arrive en moyenne quatre ans et trois mois après son aîné. Ce sont souvent les femmes qui se laissent les premières emporter par leur désir d’enfant, tandis que les hommes hésitent encore. C’est le cas de Martin, 36 ans, trois fois papa, qui avoue : « Concevoir un troisième enfant alors que les deux premiers n’avaient encore que 3 ans et 18 mois, je n’étais pas très chaud… Mais ma femme y tenait tellement ! Elle m’a convaincu. Et c’est Lila qui est arrivée, une petite fille après deux garçons ! J’ai été ému au-delà de tout. Aujourd’hui, la vie sans elle me paraît tout simplement impensable. »

Lorsqu’il s’agit d’une deuxième histoire d’amour, le désir d’un enfant commun vient bousculer les réticences. C’est le cas en particulier lorsque l’un des deux n’a pas encore d’enfant. L’autre accepte alors sans difficulté de concevoir à nouveau un bébé, quitte à dépasser ses propres doutes.

Travailler ou rester au foyer ?

Pour autant, la vie avec trois enfants n’est pas un long fleuve tranquille, et l’arrivée du petit troisième oblige souvent à revoir l’organisation familiale. Se pose alors, en particulier pour les femmes, le choix de rester à la maison ou de poursuivre une vie professionnelle. Seule une mère de trois enfants sur trois décide de poursuivre sa carrière. Un décrochement significatif, même si on sait qu’il concerne plus particulièrement les femmes les plus jeunes et les moins qualifiées.

Les mères de trois enfants ont ceci de particulier qu’elles se rencontrent souvent aux deux extrémités de l’échelle sociale. Soit dans les milieux très modestes, soit dans les milieux privilégiés. Les premières conçoivent leurs enfants plus tôt que les autres (souvent avant 30 ans) et restent majoritairement au foyer. Les secondes, d’un niveau d’études supérieures, prennent davantage leur temps : elles font leur troisième bébé entre 35 ans et 44 ans et demeurent très présentes sur le marché du travail. Pour elles, le travail est un style de vie ; elles ne sont pas prêtes à renoncer à une carrière qu’elles ont choisie, ni même à la mettre entre parenthèses le temps d’un congé parental d’éducation.

Le retour à la vie professionnelle

Une femme sur deux, se laisse séduire par le congé parental d’éducation. Cette solution présente le gros avantage d’assurer aux mères un retour possible à la vie professionnelle au terme des trois années consacrées à leur enfant. Mais attention : pour celles qui s’étaient déjà coupées du monde du travail et qui reprennent un congé à l’occasion de la naissance de leur troisième bébé, le retour est souvent difficile.

Conscientes du problème, un certain nombre de femmes anticipent sur leur réinsertion professionnelle et développent un projet pendant leur période de congé. C’est Nathalie, factrice, qui profite de ces trois années pour préparer un diplôme de comptabilité, son prochain métier. Ou encore Laure qui dessine chez elle des modèles de broderies qu’elle compte bien commercialiser dès que son petit dernier aura l’âge d’aller à l’école.

On a franchi une étape : les femmes ne renoncent plus facilement à travailler. Et ce dans tous les milieux, même lorsque le travail n’est ni intéressant, ni très bien rémunéré. Elles sont attachées à l’indépendance que le travail procure. Plutôt que de rentrer à la maison, elles préfèrent un temps partiel qui leur permet de rester en contact avec le monde du travail. Quitte à se battre pour tout concilier !

Rudes journées pour les mères

Du côté de la maison, les charges s’alourdissent sensiblement avec l’arrivée du troisième enfant. Force est de constater que les hommes en prennent rarement leur part. Au contraire, notent les sociologues, dès l’arrivée du deuxième enfant, ils ont tendance à surinvestir la vie professionnelle. Il faut bien nourrir la famille ! Le surcroît de travail domestique incombe donc le plus souvent aux femmes, même lorsqu’elles occupent parallèlement un emploi.

Dans une famille nombreuse, la vie s’organise différemment : on apprend à s’occuper de deux enfants à la fois, on responsabilise davantage les aînés, on leur apprend à se débrouiller par eux-mêmes. Une certaine émulation se crée, tout le monde participe. Par ailleurs, dans les grandes fratries, les enfants se suffisent davantage à eux-mêmes. Nouvelle dynamique de la famille, mais aussi, souvent, prise de recul… et redéfinition de ses valeurs. « Le ménage, je ne le fais plus qu’une fois par semaine, annonce Sylvie, 39 ans, professeur. Le reste du temps, je me contente d’un petit coup de propre. Pareil pour les vêtements : je n’achète plus de chemises aux garçons, seulement des sweat-shirts. Tant pis s’ils sont moins chics ! Entre sortir la table à repasser ou passer un vrai moment avec eux, je n’hésite pas ! »

A l’arrivée d’un troisième enfant, on abandonne un peu son souci de perfection. Sans compter qu’on fait les choses plus vite, qu’on ne se noie plus dans un verre d’eau. Chacune à sa façon, les cinq lectrices que nous avons rencontrées en témoignent. Pour elles, pas d’hésitation, le bonheur est dans la famille nombreuse. Les contraintes ? Elles ne les nient pas, mais elles s’en accommodent. « L’arrivée d’un troisième enfant, ça oblige à avoir des infrastructures qui font qu’au final, on est plus organisés qu’avec deux !» conclut Bernadette.

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