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Témoignage : « J’ai accouché trois fois dans la rue »

Joana et Luc ont vécu trois accouchements mouvementés et épiques ! Témoignages

Contractions intenses, arrivée du bébé ultra-rapide et sans personnel médical, naissance sous la neige et dans la rue ou encore dans un camion de pompiers filant à toute allure… Mais toutes ces péripéties les ont conduits à mettre au monde trois merveilleux enfants : Cristina, Diego et Natalia. Joana a accepté de nous raconter leurs trois jours J…

La naissance de Cristina

Ma première grossesse s’est extrêmement bien passée : j’avais suivi une préparation et je n’étais pas du tout inquiète à l’idée d’accoucher. J’ai travaillé jusqu’au bout et en démarrant mon congé maternité, j’étais ravie de préparer l’arrivée prochaine de notre petite fille. Je disposais de plus d’un mois puisqu’on était le 18 décembre et que mon terme était prévu fin janvier. Donc, vendredi, je pars en congé, et, le samedi soir, nous invitons des amis à la maison.

Je me couche et vers 7 heures du matin, prise de douleurs au ventre, je décide de réveiller Luc. Bien briefé sur la procédure, il commence à compter l’écart entre les contractions : il y avait moins de deux minutes entre chacune d’entre elles ! Je mets un immense manteau pour que le chauffeur de taxi ne me refuse pas… Je serre dans mes mains un paquet de mouchoirs et je tente de ne pas faire trop de bruit malgré la douleur provoquée par les contractions. J’ai l’impression que je vais avoir du mal à arriver jusqu’à l’hôpital et me retiens de pousser.

A peine sortie du taxi, je perds les eaux et je sens la tête de mon bébé, très bas, prête à sortir. Je ne peux plus bouger.

Luc, très serein, me laisse assise par terre pour aller chercher de l’aide et reviens avec une sage-femme et une infirmière, chargées de couvertures et qui commencent à m’accoucher dehors. Mais très vite, elles me proposent de m’emmener dans l’enceinte de l’hôpital. On s’installe dans une salle d’examen. Je suis arrivée à 9h et à 9h08, Cristina est née, en pleine forme. Malgré son arrivée prématurée, à 36 semaines de grossesse, elle pesait 3kg 200 ! La sage-femme est ravie : « j’adore ce genre d’accouchement » nous dit-elle. Tout à coup, je réalise que j’ai toujours le paquet de mouchoirs serré entre mes mains ! Je n’ai pas eu le temps de me rendre compte de ce qui nous arrivait. Et je serre notre petite merveille entre mes bras. 

La naissance de Diego

Bien sûr, lors de ma deuxième grossesse, j’étais inquiète à l’idée de revivre un accouchement prématuré et surtout un accouchement aussi rapide que le premier. Tout le monde tentait de me rassurer en me disant que chaque accouchement était différent, qu’il n’y avait aucune raison que celui-ci soit aussi rapide que le premier, etc. En attendant, Luc et moi, avions tout préparé pour être prêts à partir à la première contraction.

Le 7 février, à 37 semaines de grossesse, j’ai fait un contrôle le matin et tout allait bien. « Ce n’est pas pour tout de suite », m’a rassuré le personnel médical. Nous nous sommes couchés et, à 3h30 du matin, je sens cette même douleur au ventre : je réveille aussitôt mon mari. Nous confions Cristina à la voisine et en 10 minutes, nous sommes prêts !

Les contractions s’enchaînent et, à cause de la douleur, je me tiens pratiquement debout dans le taxi.  Je demande au taxi de nous laisser devant l’entrée piétonne. Je saute de la voiture en marche, je perds les eaux

À Ce moment-là, je pleure, Ce n’est pas ce que j’imaginais du tout comme accouchement, je ne pouvais pas accouchera dans la rue ! il était plus de 3 heures du matin, C’était la nuit la plus froide de l’année et il faisait -12°C … 

Et je sens que le bébé est en train de sortir. Nous constatons avec horreur que l’entrée piétonne est fermée. L’entrée des urgences est à quelques mètres mais cela me semble terriblement loin.

J’entre dans un désespoir total. Luc tente de me porter mais c’est impossible. C’est alors que, comprenant l’urgence et faisant preuve d’un sang-froid admirable, il enlève sa veste et me dit de m’allonger dessus.  Il m’a aidé à enlever mon pantalon, la tête est apparue, j’ai poussé deux fois et notre fils était là. Il l’a mis sous son pull, contre son ventre, je me suis relevée et nous avons formé une bulle autour de lui. Il a poussé un petit cri avant de s’endormir contre son père Le temps s’est arrêté.

Après la panique, le stress

C’était le silence autour de nous, la neige tombait doucement sur le trottoir. Nous ne bougions plus. C’était un moment si magique, si paisible : nous avions fait naître notre enfant ensemble. Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés ainsi, soulagés, émerveillés, sans oser bouger à cause du cordon et du froid.

Heureusement, un voisin a dû prévenir l’hôpital et tout d’un coup, le retour à la réalité fut brutal avec l’arrivée des pompiers et du samu. En deux secondes, avec le bruit des sirènes et l’arrivée des secours, on était à New York ! Au départ, ils pensaient que j’étais sur le point d’accoucher et d’un coup, surpris, ils se sont exclamés : « oh, mince, le bébé est là ! » Ils s’agitaient sans trop savoir quoi faire puis ont clampé le cordon sur place. Ils m’ont portée sur un brancard et ont pris Diego dans une autre ambulance afin de le mettre en couveuse.

Plus tard, le personnel dira à Luc qu’il a eu le meilleur réflexe possible en prenant Diego contre lui : il n’avait pas perdu un seul degré !

J’ai mis beaucoup de temps avant de pouvoir raconter cette histoire sans pleurer. La sage-femme m’a expliqué que ce contrecoup était tout à fait normal. L’accouchement de Cristina était déjà incroyable pour moi, alors celui-ci… Je n’envisageais pas de nouvelle grossesse : j’avais peur d’un nouvel accouchement prématuré. Mais nous avons ensuite eu à nouveau envie d’agrandir la famille et je me suis sentie prête à me relancer en me disant qu’il faudrait que je sois très bien suivie.

La naissance de Natalia

Je suis retombée enceinte très vite, Diego avait 23 mois. J’étais très inquiète pour l’accouchement et nous avons élaboré un plan d’action pour être fins prêts le jour J. J’y croyais même si je me disais que je n’aurais sûrement pas le temps de recevoir une péridurale.  A 36 semaines, on m’a recommandé un repos absolu.

Luc était à l’étranger pour son travail. Il a senti qu’il devait être près de moi et a anticipé son retour au jeudi soir. Je me suis couchée à minuit et j’ai ressenti le même mal au ventre habituel.

À 1h du matin, Luc a réagi très vite : je n’ai pas eu à le convaincre car il a de suite compris ce qui était en train de se passer et a appelé les pompiers. Les contractions étaient longues et très fortes.  Quelques minutes plus tard, les pompiers sonnent et veulent monter pour évaluer la situation : c’est la procédure. Nous décidons de descendre.

Les trois pompiers veulent poser des questions pour voir où j’en suis : Luc tente de forcer le départ et moi-aussi alors que l’un d’entre eux, qui commence à paniquer, me demande :  « calmez-vous madame » ! Je veux bien, mais je suis quand même en train d’accoucher ! Ils comprennent enfin l’urgence de la situation et m’aident à monter dans le camion qui part à toute vitesse. Ils parlent au téléphone avec l’hôpital mais je ressens l’envie incompressible de pousser.

Le pompier tente un dernier : « attendez, je vais compter les contractions ». « Pas la peine », lui rétorque Luc qui a pris les choses en main. Heureusement, pendant ma grossesse, il a lu quelques livres pour perfectionner sa pratique ! « Mettez les gants », essaie encore le pompier. « On s’en fiche de vos gants », lui crie  Luc, dans le feu de l’action ! 

Au moment où Luc attrape notre fille dans ses bras, nous arrivons à la maternité. Heureusement, car nous constatons avec effroi qu’elle a deux tours de cordon autour du cou. « Elle est toute bleue », je m’écrie, paniquée. A ce moment-là, les deux portes du camion s’ouvrent et quatre personnes interviennent sur le champ. Ils la retournent, lui frottent le visage pour enlever le liquide qui l’encombre et elle pleure enfin ! 

Bien sûr, j’aurais bien aimé avoir un peu de temps, quelques jours, ou même quelques heures pour que l’on puisse se préparer à l’idée de devenir parents, jouir de ces instants partagés pendant lesquels on imagine l’enfant à naître…Mais finalement, même s’ils ont été éprouvants, je ne changerai rien à ces trois accouchements éclairs qui m’ont donné nos trois merveilleux enfants !

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