Enfant

Mon petit garçon a les cheveux longs, il serait temps d’arrêter de l’appeler « mademoiselle »

Vous vous souvenez de la dégaine de Leonardo DiCaprio époque Roméo + Juliette? Et de sa mèche qui tombait sur ses yeux clairs lorsqu’il fixait Kate Winslet dans Titanic? Mon fils de cinq ans a une coupe de cheveux dans ce goût-là. Un peu plus longue, même.

Plus longue en tout cas que la moyenne. Il est le seul enfant de sa classe à avoir des cheveux aussi longs. Je n’avais pas forcément prévu d’avoir un môme aussi chevelu, mais je n’avais en tout cas jamais envisagé les commentaires que ça pouvait provoquer. 

Mon fils a une dégaine de bonhomme, des jeans perpétuellement déchirés aux genoux et il adore mettre sa casquette Spiderman à l’envers. Mais ça n’empêche pas le pharmacien ou l’hôtesse de l’air (du temps où on pouvait encore voyager) de s’adresser à lui en l’appelant « mademoiselle ». La petite grand-mère qui habite à côté de chez nous, elle, ne réagit pas quand je précise que c’est un garçon. Comme si elle ne comprenait pas ce que je lui disais. 

Je vois bien la désapprobation dans les yeux de certaines personnes de mon entourage. On remet les cheveux de mon fils en place en me disant qu’il serait temps de prendre rendez-vous chez le coiffeur. On me demande si je ne devrais pas les attacher et on me dit que “franchement, ça doit le gêner, non?” Je me demande si on demandait ça aussi à Leonardo DiCaprio quand sa mèche folle venait lui caresser le front. Ou bien si on a dit à Brad Pitt à l’époque du film Légende d’automne qu’il ressemblait à une fille.

D’ailleurs, ce n’est pas qu’une affaire de désapprobation. C’est une histoire de commentaires perpétuels. Récemment, la vendeuse d’un magasin de chaussures m’a dit que mon petit garçon semblait “venir d’ailleurs”. Elle trouvait ça chouette. Elle lui a dit. Mais c’est toujours étrange quand quelqu’un commente le physique de nos enfants de but en blanc, en insistant sur leur pseudo “différence” qui ne l’est que dans leurs yeux, alors que rien, en plus, ne prépare le terrain. 

Il est grand temps qu’on arrête de dire que les cheveux longs, c’est forcément pour les filles. Les petites filles ont le droit d’avoir les cheveux courts autant que les garçons ont le droit d’avoir un look de surfeur australien. Même s’il n’y a ni plage ni planche à proximité.

Il y a, en plus, deux choses que les gens ne prennent pas en compte dans l’équation des cheveux longs chez mon garçon. C’est que déjà, c’est hyper dur de trouver un coiffeur qui sait comment couper les cheveux d’un petit mec. On y va souvent pour essayer de garder une forme, une coupe, un style. Mais mon fils ressort une fois sur deux avec la coupe de Jacquouille La Fripouille ou la tête de Mireille Mathieu. J’avoue que je pousse la porte du salon à reculons. 

Vous me direz que je n’ai qu’à les faire couper, pour arrêter d’angoisser. Mais il y a une autre inconnue que vous oubliez, la plus importante: le libre arbitre de mon enfant. A cinq ans, mon fils fait le choix d’avoir des cheveux plus longs que ceux de ses copains et de ne jamais les attacher. Et vous croyez vraiment que je peux lutter contre la volonté tenace d’un petit garçon de 5 ans? De toute façon, pour quelles raisons valables devrais-je m’opposer à lui quand il me dit qu’il ne veut pas avoir des cheveux courts? Quand je lui demande ce qui lui plaît tant dans sa généreuse tignasse, il me répond simplement que ses cheveux sont “cool”. Je n’ai aucun argument pour contrer cette évidence. Pour le moment, c’est son choix. Je le respecte. Et ça serait bien que les gens qu’on croise en fassent autant.

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