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Mon Enfant Est Insolent : Que Faire ?

Votre enfant ne cesse de s’opposer à vous ? Dépassés par la situation, vous ne savez pas comment réagir face à son insolence ? Isabelle Filliozat, psychothérapeute, vous donne les clés.

Qu’est-ce que l’insolence ?

L’insolence est une interprétation des parents vis-à-vis du comportement de l’enfant. Caractérisée par un manque de respect et ou une injure, l’insolence est une attitude complexe à déterminer puisque chaque individu a son propre seuil de tolérance et ses propres limites. Chacun interprète une manifestation d’insolence selon sa propre histoire et son propre cadre. La notion de respect n’est pas identique à toutes les familles. 

Pourquoi mon enfant me provoque ? 

Une chose est sûre, selon Isabelle Filliozat, « L’insolence n’est pas à interpréter comme le fruit d’une mauvaise éducation comme on l’entend parfois avec un «oh il est mal élevé». Ce jugement ne sera pas aidant. » Pour la psychothérapeute, il existe plusieurs grandes causes à l’impudence de l’enfant. D’une part, votre progéniture se sent acculée en raison d’un jeu de pouvoir instauré entre vous et lui. En effet, de façon consciente ou inconsciente, le parent peut tenter de soumettre l’enfant alors contraint de réagir violemment . En effet, en cherchant à se défendre, votre petit va faire preuve d’insolence si on ne lui a pas enseigné de modes de communication pacifiques. Par ce bais, le comportement agressif ou l’insultes sont motivés par les émotions fortes de l’enfant et signent l’échec de la communication. « Si votre progéniture vous insulte alors que ce n’est pas dans ses habitudes, elle a pu entendre une injure à l’école et vous la confie » explique Isabelle Filliozat. Il est possible qu’elle ait entendu des mots extrêmement violents à l’école ou au collège. Elle a été figée par le stress et ne savait pas comment réagir. Elle  porte ainsi ce stress en elle et le libère sur ses parents envers qui elle a confiance. Il s’agit d’un processus inconscient et va « jeter» les mots qui l’ont blessée sur ses parents afin d’en connaître les effets et pour être aidée face à ces mots blessants. « Il est donc tout à fait inapproprié de se fâcher contre l’enfant. Mieux vaut alors se pencher sur ce qu’elle a vécu » décrit notre spécialiste.

Enfin le dernier facteur explicatif réside dans le culte de l’insulte. Dans nos sociétés, celle-ci est omniprésente et majoritairement véhiculée par le multimédia, que ce soit dans les films, les émissions télé ou les jeux vidéo. Ainsi, les enfants sont confrontés aux injures de manière précoce et commencent à proférer des insultes entre eux dès le collège voire le primaire. L’insulte joue un rôle prédominant au sein de leurs interactions sociales et symbolise le succès et la valeur. « Des études scientifiques ont observé que quand un ado ou pré-ado est insolent envers un adulte, il gagne des points envers ses semblables. » avance notre spécialiste.  Chez les ados et pré-ados, ce comportement est d’autant plus valorisé qu’il permet de gonfler son statut social notamment auprès des filles. Surtout, le succès auprès de la gente féminine est un critère essentiel à un âge où les premières relations sentimentales apparaissent. 

Comment réagir face à l’insolence de mon enfant ? 

« On ne doit jamais tolérer une injure de son enfant« , prévient Isabelle Filliozat.  Souvent, les parents confrontés aux injures de leur enfant ripostent durement et usent des punitions comme moyens de répression. « Ce sont des comportement à bannir au risque de s’abaisser à son niveau et de rentrer dans un jeu de pouvoir« , témoigne notre spécialiste. Des études ont notamment montré que l’emploi de la punition a tendance à produire un effet nocif sur l’éducation et la responsabilisation de l’enfant. Fidèle aux principes éducatifs de la parentalité positive, la psychothérapeute conseille plutôt aux parents de privilégier l’écoute et la compréhension pour capter les émotions des petits . Des méthodes qu’elle a regroupées sous l’acronyme ADMIRER : 

  • A pour “accorder”. Il s’agit de s’accorder avec l’enfant et de se centrer sur ce qu’il dit. Vous pouvez alors percevoir sa détresse.
  • D pour “décrire”. Cet outil vous permet de sortir de l’interprétation qui induit régulièrement les parents en erreur. Plutôt que de poser un jugement hâtif ou une étiquette d’insolent, vous allez décrire la réalité, le déclencheur de ces injures.
  • M pour “mesurer”. Vous vous mettez en empathie avec l’enfant pour l’aider à le libérer de ce système d’enfermement. 
  • I pour “investiguer”. Ici, vous l’interrogez afin de comprendre le sens de tels propos.  Plutôt que d’envenimer, vous désamorcer la situation.
  • R pour “reconnaitre”. Il s’agit d’une autre forme d’empathie. Vous reconnaissez la souffrance de l’enfant.
  • E pour “exprimer”. Toutes les méthodes employées ci-dessus vont permettre à l’enfant d’exprimer la souffrance qui l’anime. 
  • R pour “réparer ou résoudre” . Dès lors, une fois que vous connaissez les raisons de telles injures, le parent va tenter de résoudre la situation et essayer de solutionner le problème avec l’enfant. 

Et si ces méthodes ne fonctionnent pas ? 

Si l’insolence de votre enfant perdure malgré l’usage de nombreuses méthodes, la psychothérapeute préconise aux parents de se tourner vers un coach parental ou un psychothérapeute spécialisés dans les relations familiales. Chez certains enfants, ce type de comportement est symptomatique d’un événement traumatisant qu’il vit ou qu’il a vécu et peut traduire une profonde souffrance. « Il est rare qu’un enfant soit capable de dire à ses parents qu’il est victime de harcèlement scolaire ou d’abus en tout genre car il en a honte« , souligne Isabelle Filliozat. 

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