Bébé

Les Conséquences Méconnues De La Césarienne Pour L’enfant…

Bien qu’elle soit parfois nécessaire, la césarienne n’est pas sans conséquences, tant pour la mère que pour le bébé. Plusieurs études mettent en avant des risques pour la santé future l’enfant, c’est d’ailleurs en partie pourquoi l’OMS recommande un taux de césarienne inférieur à 20 %. On fait le point.

La césarienne est une intervention chirurgicale, qui consiste à extraire un bébé du ventre de sa mère sans passer par les voies naturelles.

Comment se passe une césarienne ?

Sous anesthésie, l’obstétricien incise, à l’horizontale, entre 9 et 10 centimètres, de l’abdomen au niveau du pubis. Il écarte ensuite les couches musculaires pour atteindre l’utérus et en extraire le bébé. Dans un second temps, le professionnel de santé retire ensuite le placenta, puis recoud les tissus.

Combien de temps dure une césarienne programmée ?

L’acte chirurgical d’extraction du bébé dure moins de 10 minutes, mais la totalité de l’opération nécessite environ 45 minutes. Une surveillance de 2 heures est ensuite effectuée en salle de surveillance post-interventionnelle (SSPI).

Césarienne programmée : quelles sont les indications ?

La décision d’une césarienne programmée est prise d’un accord commun entre la future maman et son médecin. Cette intervention peut être préconisée quand :

  • la femme enceinte a un placenta praevia ;
  • la future mère présente une hypertension artérielle très élevée et de l’albumine dans les urines (pré-éclampsie) ;
  • le bébé est trop volumineux par rapport aux dimensions du bassin maternel ;
  • l’enfant est dans une mauvaise position, notamment dans une présentation transverse ou en siège ;
  • le bébé présente un retard de croissance important et semble fragile ;
  • une grossesse multiple (jumeaux, triplés…).

Quand faut-il pratiquer une césarienne d’urgence ?

Dans certains cas, une césarienne d’urgence est réalisée après le début du travail d’accouchement. Elle peut être pratiquée dans plusieurs situations comme :

  • un accouchement prématuré ;
  • une hémorragie abondante qui apparaît au cours du travail, ou quand une rupture de cicatrice d’une césarienne antérieure est suspectée ;
  • un col de l’utérus qui ne se dilate pas assez ou n’évolue pas ;
  • une tête du bébé qui descend mal dans le bassin ;
  • un monitoring qui montre une mauvaise tolérance fœtale aux contractions utérines.

Quelles sont les complications pouvant survenir chez la mère après une césarienne ?

Même s’il s’agit d’une opération chirurgicale courante, la césarienne reste une intervention importante, qui peut provoquer des complications. La femme enceinte peut notamment être atteinte par une phlébite, autrement dit la formation d’un caillot de sang (thrombus) dans une veine. Il existe également un risque de complications pour d’éventuelles futures grossesses, en raison de la cicatrice créée par l’opération. Dans de rares cas, la vie de la mère est en danger lorsque d’importantes pertes de sang surviennent pendant la césarienne. L’équipe médicale peut alors prendre la décision d’effectuer une transfusion sanguine, et/ou une ablation de l’utérus, appelée hystérectomie.

Césarienne : des séquelles à long terme pour l’enfant

En France, près d’une femme sur cinq donne naissance par césarienne. Même si elle comporte plus de risques qu’un accouchement par les voies naturelles, cette intervention chirurgicale est fréquente et aujourd’hui totalement sûre. Pourtant, la césarienne n’est pas un acte aussi anodin qu’on pourrait le penser.

Infections respiratoires, risque de surpoids… les conséquences de la césarienne chez un bébé

Une étude scientifique de 2013 a établi un lien entre césarienne et surpoids chez l’enfant. Ce mode d’accouchement pourrait également être à l’origine d’autres maladies comme certaines des infections respiratoires ou encore des troubles du système digestif. Intervention sûre, banalisée au fil des années, la césarienne a en réalité des conséquences qu’il ne faudrait pas sous-estimer.

Quels sont les risques après une césarienne chez un bébé ?

Plusieurs travaux d’envergure évoquent un lien entre ce mode d’accouchement et diverses maladies chez l’enfant, telles que l’obésité, les allergies respiratoires ou encore les maladies inflammatoires du système digestif. D’après étude américaine basée sur 10 000 enfants, les bébés nés par césarienne auraient 2 fois plus de risque d’être en surpoids par rapport à ceux nés par voie basse. Le risque serait encore plus important pour ceux naissant de mères elles-mêmes en surpoids. Ce même constat a été fait 6 mois auparavant par la chercheuse Susanna Huh de l’hôpital pédiatrique de Boston. Le taux d’obésité à l’âge de 3 ans était deux fois plus élevé chez les enfants nés par césarienne (15,7 %) que chez ceux nés par voie basse (7,5 %). Le surpoids n’est pas la seule conséquence possible de la césarienne. Selon une étude présentée au dernier congrès américain d’allergologie, accoucher par césarienne multiplie par cinq le risque d’allergie respiratoire aux 2 ans de l’enfant.

« Le lien entre la césarienne et ces différentes pathologies infantiles est aujourd’hui certain, confirme le Professeur Philippe Deruelle, gynécologue-obstétricien. Toutes ces études ont été menées sur des cohortes très importantes d’enfants. A chaque fois, les chercheurs ont fait les mêmes constatations cliniques. »

Naissance : le rôle des bactéries présentes dans le vagin

L’explication de ce phénomène est à chercher du côté du microbiote intestinal, ou flore intestinale. Il s’agit de l’ensemble des bactéries qui se trouvent dans le tube digestif. A la naissance, chaque individu possède un microbiote qui va évoluer tout au long de la vie. Ces différentes bactéries, qui colonisent notre flore intestinale, sont nécessaires à notre survie.

Lors d’un accouchement par voie basse, le bébé ingère les bactéries présentes dans le vagin de la mère. La composition de son microbiote est ainsi très proche du milieu vaginal de la mère. Ces bactéries ont un effet protecteur sur le système immunitaire du bébé. Elles créent un terrain favorable pour la colonisation par ses propres bactéries digestives. Ce qui n’est pas du tout le cas lors d’un accouchement par césarienne.

« Le mécanisme naturel est perturbé, car le microbiote de l’enfant est contaminé par des bactéries d’origine cutanée, explique le Professeur Deruelle, or celles-ci ne sont pas adaptées au tube digestif ». 

En d’autres termes, la flore intestinale du bébé né par césarienne est moins riche en bonnes bactéries que celle du bébé né par voie basse. La composition de son microbiote est modifiée et, à terme, cela influe sur son système immunitaire qui devient moins protecteur contre certaines maladies digestives ou respiratoires. Même chose concernant l’obésité. La flore intestinale des enfants nés par césarienne traiterait moins bien les aliments gras et sucrés, et donc faciliterait le surpoids. Mais toutes ces hypothèses doivent encore être confirmées.

Accouchement : les Césariennes De Convenance Seraient à éviter

Pour autant, pas question de s’alarmer. De toute évidence, la césarienne n’est pas à elle seule responsable de l’épidémie d’obésité. D’autres facteurs prédisposants, comme l’IMC des parents, entrent également en ligne de compte. De plus, si la césarienne influence le microbiote, celui-ci peut aussi se régulariser au fil du temps. Dans la majorité des cas enfin, la césarienne est justifiée par des impératifs médicaux. En 2012, La Haute autorité de santé a d’ailleurs rappelé les situations pouvant conduire à programmer une césarienne à terme.

« Les résultats de ces études montrent simplement que la décision de pratiquer cette intervention doit être bien pesée, conclut le professeur Deruelle. Et que les césariennes de confort, par exemple, doivent à tout prix être évitées. »

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