Le pouvoir de la voix chez le bébé
En tant que parents, on se demande souvent quand commencer à lire des histoires à son enfant. Est-il assez grand ? Est-ce utile de lui raconter des histoires qu’il ne comprendrait pas ? Et si je ne lui en lis pas, est-ce qu’il va être en retard ? Eve Piorowicz, psychologue clinicienne, auteure de Bébé, dis-moi tout ! insiste avant tout sur le pouvoir de la voix du parent chez l’enfant. « Les bébés, encore dans le ventre de leur mère, reconnaissent sa voix et peuvent réagir à ce son. C’est ce qu’on appelle la prosodie de la voix, sa tonalité. Grâce à cela, on embarque très tôt son enfant dans l’interactivité », débute-t-elle. En réalité, ce n’est pas tant l’histoire que vous racontez, mais l’intention que vous y mettez. « Ce qui va être essentiel de mettre en place ce qu’on appelle le tour de parole. Vous savez, c’est quand on demande à un bébé : ‘Que t’arrive-t-il ? Tu as faim ? Ah non, tu as envie de dormir ?’ et que l’enfant va sourire, pleurer, réagir… Ces échanges permettent dès le plus jeune âge de placer l’enfant comme un sujet à part entière. Petit à petit, il va se saisir de cette individualité-là pour s’exprimer et poser sa propre parole. Il faut parler à un tout petit, c’est la voie de son apprentissage du langage « , affirme-t-elle. Il n’est donc jamais trop tôt pour parler à son bébé, ou même donc, lui lire une histoire.
Les bienfaits de la lecture
Même s’il ne comprend pas vos mots, la voix du parent va ainsi stimuler son intérêt dans les sons et développera son écoute. Les bienfaits de la lecture sont nombreux. Vous allez stimuler son imagination avec les différentes intonations que vous allez mettre. A force d’entendre de nouveaux mots, bébé va augmenter ses facultés de communication et développe inconsciemment son vocabulaire. C’est aussi le début de certaines découvertes liées aux couleurs, aux chiffres, aux lettres, aux formes… Bref, tout ce qui l’entoure. Par ailleurs, la lecture offre un moment de complicité entre un parent
et son enfant. La lecture d’une histoire est également un bon moyen pour un grand-parent, un oncle, une tante, ou les grands frères et les grandes sœurs de créer du lien, avec un support agréable qu’est le livre. Cependant, la psychologue tient à souligner qu’en bas âge, le livre et la lecture d’une histoire doivent avant tout rester un moment de plaisir : « Les parents ont beaucoup de choses à transmettre à leurs enfants, mais ce ne sont surtout pas les apprentissages scolaires. Il faut sortir du spectre éducatif. L’école est là pour ça. Le livre a tout le temps de devenir un outil d’apprentissage. Dans les premières années de l’enfant, le livre doit rester une médiation et n’a du sens pour le petit que s’il permet de créer du lien avec l’adulte. »
Raconter une histoire, une envie et non une obligation
Pour autant, plus l’enfant va nous voir avec des livres, plus il va nous voir bouquiner le soir au lit, plus il réclamera des histoires. « En tant que parents, nous sommes des guides », rappelle-t-elle. « Cependant, il faut bien garder en tête que rien ne doit être fait par obligation. Si certains parents préfèrent lui parler, raconter leur journée, tenir un journal ou jouer à des devinettes. Cela peut aussi commencer par lui raconter l’histoire de sa naissance, de son arrivée au monde. Pas besoin de livre pour cela. La case lecture n’est pas un passage obligé si vous n’avez pas le temps ou vous ne vous sentez pas à l’aise. Il y a de nombreuses façons de l’initier au plaisir du langage. Il ne faut pas s’imposer de lire une histoire si l’on n’y prend pas de plaisir, nous adultes. Le plaisir est nécessaire à une bonne transmission », rassure-t-elle. « L’objet ‘livre’ reste important, donc on peut chercher d’autres référents pour lui lire des histoires : des ateliers contes, des proches qui aiment la lecture, les auxiliaires à la crèche ou l’assistante maternelle… », ajoute-t-elle
A chaque âge une façon de raconter les histoires
En faisant de la lecture une habitude dès le plus jeune âge, les livres deviendront naturels dans l’univers de vos enfants. A partir de 1 ou 2 ans, l’histoire du soir peut même devenir très utile pour installer un rituel du coucher et passer ainsi un moment privilégié avec son enfant lors d’un temps calme avant de dormir. Ce moment d’échanger, à travers une conversation ou la lecture d’une histoire, permet une transition entre la journée très agitée et le silence de sa nuit de sommeil. Adaptez les livres à son âge : en général, les histoires pour bébé sont très courtes, avec une ou deux phrases simples par page. Vous commencer ainsi à initier bébé à la lecture !
Aux alentours de 3 ans, les enfants commencent à saisir les premières bases de l’écriture. Ils comprennent que l’on tourne les pages, que l’enchainement des lettres constituent des mots et des sons, ils nous voient lire de gauche à droite… C’est pourquoi ils aiment tant que l’on répète plusieurs fois la même histoire, même si c’est lassant pour nous. En effet, à force d’entendre la même histoire, ils se familiarisent, ce qui les rassure, mais leur permet également de commencer à déchiffrer peu à peu. A cet âge, les livres ont aussi l’avantage de pouvoir accompagner certaines peurs de l’enfant, comme l’entrée en maternelle, la propreté ou certains cauchemars. La littérature jeunesse est très riche, vous trouverez un livre adapté quel que soit le thème à aborder simplement avec votre enfant !
Quand il apprennent à lire , aux alentours de 5 ou 6 ans, il n’est pas rare que les enfants réclament malgré tout que vous leur racontiez une histoire. C’est avant tout pour partager un moment privilégié avec vous. Vous pouvez également passer le relais, et les laisser-vous conter à leur tour une histoire !
